mercredi 28 octobre 2015

En suivant ces soldats qui ne sont pas revenus - Documentaires de Imamura Shohei



Grâce à un ami, j'ai pu visionner les documentaires d'Imamura Shohei "En suivant ces soldats qui ne sont pas revenus"....未帰還兵を追って (mikikanhei wo otte)

Le DVD1*, distribué par Baba Yaga films, contient les documentaires suivants :
- En suivant ces soldats qui ne sont pas revenus - Malaisie N°1 (1971) ;
- En suivant ces soldats qui ne sont pas revenus - Thaïlande N°2 (1971) ;
- La brute revient au pays natal (1973).



A l'époque, ces documentaires ont un ton bien différent de ce qui pourrait être tourné aujourd'hui dans l'archipel et le premier commence en établissant clairement la responsabilité du Japon dans la seconde guerre mondiale.
D'un point de vue de technique documentaire : la caméra saute et oscille. Cela peut-être la qualité des stabilisateurs de l'époque.

On peut parfois se demander si l'obsession de certaines émissions de variété japonaises à chercher des compatriotes dans le monde entier pour savoir ce qu'ils sont devenus, serait venu de ces documentaires d'Imamura Shohei.

Dans ces émissions de variété moderne, le ton est léger et là pour renforcer deux messages : qu'il est bon d'être au Japon par rapport à la vie difficile à l'étranger et mettre en exemplarité les vertus japonaises dans un contexte extérieur.

Quant à Imamura, la démarche est à l'époque plus forte, dérangeante, même. En effet dans une société de la communication non verbale et du consensus, à une époque où les japonais souhaitaient effacer une partie de leur passé, le réalisateur met les pieds dans le plat, pour réactiver une forme de mémoire.... C'est que l'époque est contestataire (la jeunesse se révolte, refuse l'alliance avec les USA, est contre la guerre du Viet Nam...) et Imamumra cherche à comprendre et faire comprendre ce passé guerrier du Japon. Le mettre en contexte : il va donc chercher ces soldats non rentrés au Japon, ceux qui n'ont pas subi l'évolution de ce pays.

Le réalisateur se fait le témoin direct dans ce documentaire : il apparaît à l'écran. Et n'hésite pas à faire un tour dans les clubs louches pour trouver la veuve d'un ancien soldat japonais dans le premier documentaire (N°1 - La Malaisie).

Au détour de ses recherches il arrive à interviewer plusieurs personnes dont un ancien militaire converti à l'islam en Malaisie, qui s'interroge sur la pertinence du pouvoir au Japon, le sens de la guerre passée, de l'endoctrinement. Ainsi le documentaire est traversé de thèmes de science politiques (des thèmes que l'on ne verrait pas de nos jours).

Imamura poursuit son travail avec le deuxième documentaire et part avec son équipe en Thaïlande pour "interroger des soldats japonais non-rapatriés, au sujet de leurs expériences, pour appréhender cette guerre, trop souvent oubliée en temps de paix, dans sa réalité et dans toute son horreur."



Et naturellement, cette vérité que l'on croit tue, apparaît naturellement de la bouche de ces anciens soldats - de gré ou de force - et leurs souffrances. Dans l'alcool, les esprits s'échauffent, les démons resurgissent du passé. Les officiers et leurs folies. Les horreurs. Celles qui ont été vues. Ou commises.  Et parfois les soldats sont également leurs pires ennemis dans leur sauvagerie. Certains propos font froid dans le dos et d'autres redonnent foi en l'humanité.



L'un est prêt à reprendre les armes, l'autre ne parle plus que thaïlandais. Par choix ? De la bouche du troisième la conscience, le refus d'exécuter l'inhumain : "les ordres il faut réfléchir avant de les exécuter".
"Vous pouvez êtres ouvriers ou paysans, mais vivez comme des hommes. Les plus grands hommes ne sont pas forcément des premiers ministres. Les plus braves sont ceux qui ont vécu humainement" disait son professeur.

On parle de l'empereur : l'un n'a pas assez de mots (négatifs) pour dire ce qu'il en pense et l'autre a toujours celui-ci dans son coeur.

Dans le troisième documentaire "la brute revient au pays natal", Imamura fait rentrer l'un des anciens soldats au Japon, pour le confronter à la société, son évolution et ses oublis : la "brute" rentre au pays et reprend contact avec sa famille. Il découvre pourquoi et par qui il a été déclaré mort. Des frictions naissent : les anciens soldats n'ont plus leur place dans le Japon moderne des années 70 et sa course à la prospérité.





Au final, en suivant ces soldats qui ne sont pas revenus : des documents "claque dans la gueule", salutaires qui interrogent un Japon pas si monolithique que cela.


*Le DVD2 sera chroniqué séparément ou cette chronique sera mise à jour ultérieurement.

mercredi 21 octobre 2015

Shigatsu ha kimi no uso - ton mensonge en avril (2014-2015)



Shigatsu ha kimi no uso est une série animée en 22 épisodes réalisée par Kyôhei ISHIGURO, au sein du studio A-1 Pictures (le même que Aldnoah Zero, chroniqué précédemment) et basée sur un manga de Naoshi ARAKAWA. Elle comporte ainsi un style graphique assez similaire.


ARIMA Kôsei, enfant doué au piano, perd le goût de jouer à cet instrument à la mort de sa mère.Quelques années plus tard, il va faire la rencontre de Kaori, une violoniste qui va lui permettre de reprendre goût à la musique et ainsi redonner un sens à sa vie.

Nous faisons progressivement la connaissance de Kôsei et de son intimité, avec ses blessures, face à Kaori qui le pousse à sortir de sa coquille et reprendre plaisir à la musique. Tout cela, sous le regard de Tsubaki, amie d'enfance de Kôsei, qui souffre de l'inclination du garçon pour Kaori. C'est qu'elle ne fait pas de musique et ne se sent pas de taille.

Shigatus ha kimi no uso est un joli mélodrame au rythme progressif. Il y a quelque chose de touchant à suivre ces relations amoureuses croisées et à fleurs de peau. 


Les dialogues [en japonais], parfois magnifiques, apportent un côté poétique à l'histoire. Ils sont cependant un peu surprenant, venant de la "bouche d'adolescents".
  Une attention particulière est portée à la musique dans shigatsu : les scènes de concerts ou répétitions ont été confiée à des musiciens professionnels. D'autre part, la musique d'anime, composée par Masaru Yokoyama est de qualité.

Alors pour qui ? Pour les amateurs de jolies choses et de belles musiques.

lundi 19 octobre 2015

Aldnoah.zero réalisé par Ei AOKI


J'ai longtemps cherché un animé de Mécha qui soit du niveau de Macross (au moins les premières séries), autant pour le character design des véhicules que par les thématiques ou le background avant de trouver ce fameux Aldnoah.Zero, réalisé par Ei AOKI au sein des studios A-1 Pictures et TROYCA, sur un scénario de Gen UROBUCHI et Katsuhiko TAKAYAMA. Aldnoah.Zero est constitué de 2 saisons de 12 épisodes chacune.


Synopsis (wiki - contient des spoilers)  : Dans un présent alternatif, les Humains se sont séparés à la suite de la découverte sur la Lune d'un portail menant vers Mars par Apollo 17. Ceux qui ont quitté la Terre forment l'Empire de Vers, une société très avancée technologiquement grâce à la découverte d'une nouvelle forme d'énergie (l'Aldnoah) mais proche de la guerre civile. En effet, la planète rouge manque de toutes les ressources vitales et les inégalités se creusent entre la classe dominante et la classe ouvrière. Une courte guerre en 1999 entre la Terre et Mars éclate, conduisant à la destruction d'une grande partie de la Lune, ces débris causant de très importants dégâts à la surface de la Terre.
De plus, l'Empereur est extrêmement affaibli par la vieillesse et délaisse toute la gestion de la planète. Profitant de sa faiblesse, les Chevaliers Orbitaux nouent des alliances et attendent la moindre occasion pour attaquer la Terre, riche en ressources.
En 2014, la jeune princesse héritière, Asseylum Vers Allusia, est malgré tout déterminée à apaiser les relations entre les deux planètes. Ignorante des alliances qui se jouent autour d'elle, elle sollicite le Comte Cruhteo pour se rendre sur la planète bleue. Malheureusement, dans un climat de haute tension, un attentat est commis durant la visite diplomatique de la jeune fille. Il n'en fallait pas moins pour attiser la colère des Chevaliers Orbitaux qui annoncent l'entrée en guerre de Mars contre la Terre...

Commençons d'abord par ce qui fâche :
si j'ai mis un an avant de me mettre à cette série, c'est avant tout par le character design des personnages mignon (genre plus poétique, avec un look "soshokudanshi" pour les jeunes garçons) sans doute plus adéquat dans un dessin animé contemporain et un peu poétique (ou tendant vers le Moe) mais moins dans un genre plus SF et dramatique tel que le mecha.

N'est il pas mignon le héros (lol) 

Vous remarquerez sur l'image ci-dessus, le 2e point qui m'a irrité au début et concerne le character design : l'espèce de cercle au bol que l'on retrouve sur tous les cheveux de tous les personnages...

Le côté mignon est accentué par quelques petits clins d’œils qui irriteront certains ou seront appréciés par d'autres comme la jeune recrue incorporée qui préfère porter sa marinière que l'uniforme (saison 2), etc... Cela a le mérite de rendre un peu plus léger un propos grave... ou d'en amoindrir la portée ?

Laissons un peu le côté esthétique pour le point négatif de l'histoire : les péripéties que surmontent les héros. Le sort de la Terre semble ne tenir qu'à un fil, celui du génie d'Inaho... Ce qui rend les choses parfois un peu artificielles.

Le dernier reproche sera sans doute tourné vers le fait que certains personnages ne sont sans doute pas assez développés. Malgré tout cela, cette série possède pourtant de nombreuses qualités pour lesquelles il serait dommage de passer à côté

Un univers très intéressant :
Les auteurs placent Aldnoah dans une uchronie (divergence historique) d'un univers parallèle (traces d'aliens disparus sur la lune et Mars) : à la suite de la découverte sur la Lune d'un portail extra terrestre menant vers Mars par Apollo 17, les humains se sont séparés en deux branches, une terrienne et une martienne. 

On ne sait comment, un homme a trouvé le moyen, par sa séquence génétique, d'allumer les sources d'énergie Aldnoah. Et depuis il est devenu empereur, transmettant ce pouvoir à sa guise à ses barons. Mars, rebaptisée Vers (du nom que donnaient les anciens martiens à leur planète), est devenue une féodalité, élément de l'histoire permettant aux auteurs d'opérer une analyse -certes simplifiée - du pouvoir et des systèmes, des limites de la liberté dans une société.

Le caractère fascinant du héros :
Si les badass, anti héros, etc, sont toujours intéressants, l'archétype du héros rationnel et savant, concentré sur son objectif en professionnel, est assez rare et réjouissant. Le jeune Inaho est tout cela à la fois, une sorte d'autiste léger de génie, entièrement tendu vers la survie, avec toutes ses capacités d'analyses. 

Par rapport à un héros classique, soumis à ses passions, le calme apparent dont fait preuve le héros dans chaque affrontement, rajoute une touche particulière, un contrepoint qui met en lumière ses adversaires, des antihéros par excellence, qui ont plus subi leur système que des hommes et femmes libres.

La psychologie de certains personnages est tout sauf archétypale :
Bien que tous les personnages ne gagnent pas en profondeur et que la deuxième saison se concentre plus sur certains personnages, les créateurs de la série nous ont donné quelques beaux caractères, tel que le très ambigu Slaine Troyard ou le personnage tragique de la demi sœur de la princesse.

Un design, une animation et des scènes d'actions réussies :
Le mecha design est sans doute une grande réussite de la série, distinguant fortement les méchas de la Terre (très "anguleux", inspirés des véhicules de notre époque) et les méchas de Mars (plus dans les arrondis, organiques). Cette distinction rappellera la première série Macross.




Alliance terrienne 
Mécha martien

Ce design est au service de scènes d'actions très cinématiques, dont les combats méchas sont les plus tactiques qui m'ont été permis de voir. C'est que les terriens sont surclassés technologiquement et donc, seule une connaissance de l'adversaire et l'exploitation des défauts des méchas martiens permet de les vaincre.

Au-delà, cette série semble porter au rang de parabole l'idée que la raison se doit de dépasser les passions, les guider et non se laisser mener par elles. Mais l'Homme nouveau, capable d'empêcher une guerre, se laisse attendre.

Alors pour qui ? Pour les fans de séries de méchas, certainement. Pour les fans de séries SF en animation japonaise avec plusieurs niveaux de lecture, sans aucun doute. Et pour les autres ? Laissez vous tenter.

A noter une excellente bande son pops composée par Hiroyuki SAWANO.




jeudi 8 octobre 2015

Everyday de Kiriko Nananan



Everyday (Kabocha to mayonnaise - potiron et mayonnaise) est un manga de Kiriko Nananan, publié en 2004 au Japon (2005 en France).

Biographie de l'auteur (source : édition française - Glénat)
Kiriko NANANAN, ce nom étrange cache l'un des visages les plus originaux de la bande dessinée des femmes au Japon. Depuis ses débuts avec Hole, dans la revue Garo en 1993, Kiriko Nananan aborde de l'intérieur les sentiments et la sexualité féminine. Son regard sur la jeunesse japonaise est d'une tendresse non dépourvue de cruauté, comme l'atteste le glaçant Heartless Bitch ou Blue, mélancolique page d'amour entre deux lycéennes. L'“intériorité” de ses récits s'accorde avec un dessin lisse et contrasté, et avec un découpage singulier, alternance de gros plans de visages, de silhouettes ou d'objets décadrés. L'expression “une sensibilité à fleur de peau” acquiert avec elle tout son sens.



L'auteure, nous raconte avec dessin intimiste et relativement dépouillé, l'histoire de la jeune Tsuchida, une fille sensible et paumée, perdue entre un ancien amour, Haigo et son petit ami actuel Sei. Le manga nous parle du quotidien et de ce que l'on peut faire par amour dans celui-ci. Un manga, presque un roman graphique d'une grande justesse.