samedi 26 novembre 2011

Tokyo kawaii TV

La culture populaire japonaise moderne a sans doute plus fait pour pacifier les relations avec les partenaires de l'archipel que des années de diplomatie. Son gouvernement en est venu à parler de "soft power".

La très sérieuse chaine NHK, se fait étrangement l'écho de ce soft power en présentant le Japon des sous-cultures urbaines (garçons "otakus" d'Akibahara, gothics lolitas et leurs créations, etc...) par l'intermédiaire d'un modèle masculin (Ikki Sawamura) et d'une chanteuse (Beni chan).

L'émission est très intéressante pour le spectateur qui, sans posséder ces passions, découvrira avec un étonnement sans cesse renouvelé les "tribus" décalées d'un autre monde.



NHK Sôgô - Le samedi vers 23h00 (une demi heure)

vendredi 4 novembre 2011

De Going home au mouchoir jaune

Etrange destinée que cette histoire : à l'origine une courte nouvelle entêtante de Pete Hamill, Going home, éditée  pour The New York Post en 1971 (et disponible sur le net) :

Un groupe d'étudiants rencontre dans un bus un homme qui rentre au pays après quelques années passées à l'ombre, sans savoir s'il est encore attendu. D'abord discret sur son passé, l'homme finit par livrer son passé à ces jeunes qui deviennent ses confidents.

Pendant son séjour en prison, il avait prévenu sa femme qu'elle pouvait refaire sa vie et que si, à sa sortie, elle avait un autre homme, il comprendrait. Mais si une place restait encore pour lui, elle pouvait - si elle souhaitait son retour - accrocher un mouchoir jaune au plus grand arbre proche de la maison.

Petit à petit il sent battre son cœur tendis que le bus se rapproche de son ancienne maison...

S'ensuivra ensuite des adaptations télévisuelles américaines et japonaises... Penchons sur son adaptation nippone "Le mouchoir jaune" (shiawase no kiiroi hankachi) :




La première adaptation au cinéma est réalisé par Yoji Yamada (1) en 1977 avec le grand acteur Takakura Ken (2), qui incarne Yusaku Shima, un homme qui sort de prison, redécouvre la vie à l'extérieur et rencontre deux jeunes avec qui il effectuera un forme de "road movie" contemplatif avant de rentrer chez lui.

On en parle ici : chez Bulles de Japon.

Le mouchoir jaune bénéficiera ensuite d'une adaptation en fiction télé à la TBS en 1982 avant de renaître à nouveau en 2011 sur la chaine Nihon TV avec en rôle principal Abe Hiroshi (3), une vedette du petit écran Nippon, parfait pour reprendre le flambeau.





1 : également réalisateur des Tora san que les japonisant connaissent...
2 : concernant sa carrière internationale, on peut citer Black Rain et Antarctica dans les années 80.
3 : présent dans le film de Kore Eda Hirokazu (palme d'Or à Cannes avec Nobody Knows), Still Walking

mardi 18 octobre 2011

L'inspecteur Furuhata Ninzaburo


Furuhatao Ninzaburo est le nom de l'inspecteur incarné par Masakazu Tamura, dans une série télévisée d'enquête policière aux scénarios écrits par Koki Mitani. Souvent surnommée "le Columbo japonais", cette oeuvre en reprend la recette : le début s'ouvre sur les causes et le déroulement du crime, puis l'apparition de l'inspecteur excentrique qui résoudra par ses facultés intellectuelles le mystère qui en découle.

S'éloignant du "whodunit", tout l'intérêt de cet exercice de style est l'affrontement des personnalités entre l'auteur de l'acte et l'inspecteur. Ce dernier garde toujours une certaine empathie pour les criminels, et même si son sens de la morale réprouve leur passage à l'acte, il comprend leurs raisons.

Les scénarios, d'un classicisme déjà vu ailleurs, sont très bien soignés et répondent parfaitement aux codes du genre. Les criminels sont incarnés par des stars du petit écran nippon, et leur passage à l'acte dans des rôles parfois à contre emploi est jubilatoire. Le plaisir du spectateur est ainsi au rendez-vous, même si certains trouvent certains maniérismes de Masakazu Tamura dans l'approche du personnage un peu irritante. Toutefois, au bout de quelques épisodes ces gestes seront vite oubliés.

Un léger écart par rapport à Columbo, la présence de deux seconds de l'inspecteur est à noter. Ils contrebalancent et humanisent un peu l'inspecteur qui, sinon, apparaîtrait trop parfait.
Le premier second a des jugements un peu trop rapides et il est parfois un peu neu-neu. Il apporte un élément comique à la série. Le deuxième second représente la figure du disciple.

Avec tous ces ingrédients, la longévité de Furuhata Ninzaburo sera assurée avec 3 "saisons" et une dizaine d'épisodes spéciaux de 1994 à 2006.

Mention spéciale (parmi d'autres) à un épisode (n°11 -S1) où le crime est commis dans une radio sous la version japonaise de sans toi ma mie...



mercredi 12 octobre 2011

kaiun ! nandemo kanteidan


開運!なんでも鑑定団 - Nandemokantei pour les intimes est une émission au titre difficile à traduire, ce qui pourrait donner "Une bonne fortune ! L'assemblée d'estimation de tous vos objets", mais vous pouvez proposer autre.

Il s'agit d'une émission familliale au public d'un certain age. Le principe est simple : chaque candidat "arrive" avec un de ses trésors de famille pensant qu'il a de la valeur et le fera évaluer par un spécialiste (estampes, jouets anciens, autographes, tableaux, bols à thés, lampes art déco, etc...). Il se présente propose un objet, on lui demande souvant combien il l'a payé et qu'espère-t-il de sa valeur (vendre cet objet ou juste connaître sa valeur).Un petit reportage situera le contexte de ce genre d'obets et un spécialiste en fera ensuite une estimation.

L'émission est assez drôle, le suspense est bien ménagé et les surprises sont au rendez-vous. On  apprend également beaucoup sur des artistes ou des époques (même de France).

Une petite émission moins populaire mais avec un certain cousinage avait été diffusée sur la 5/Arte : une personne faisait estimer un objet antique par un commissaire priseur de Drouot.

TV Tokyo - 21h00 environ Mardi.

Wikipédia JP

samedi 8 octobre 2011

Sekai no shasô kara

世界の車窓から - sekai no shasô kara  - "Depuis les fenêtres des trains du monde" 



La TV japonaise n'est pas rare en émissions de qualité de 5 mn environ, occupant la fonction d'interlude entre deux plages de pub précédant ou suivant les émissions de grande écoute. Ainsi de ce programme plein  de poésie "Depuis les fenêtres des trains du monde" offrant l'occasion, par le biais d'une ligne ferroviaire, d'aller à la rencontre de lieux, de gens et de cultures. Un petit air de "Trains pas comme les autres" ?

Chaque reportage consacré sur une ligne est divisé en parties égales diffusées tous les jours de la semaine vers 23h10 sur ASAHI TV.

mardi 6 septembre 2011

Le sténopé Neko sango (p sharan)

Une ancienne amie, n'oubliant pas mon intérêt pour les appareils photos argentiques, me conseilla de me pencher sur la curiosité que représente le "P-sharan", modèle de pinhole camera (sténopé)en carton et plastique à monter soi même, produit par Sharan, une petite société japonaise. Elle dispose d'un distributeur américain.

L'occasion étant trop belle, je découvre l'objet :



Une première surprise, le produit comporte une pellicule négative couleur de 100 ISO (ah bon, on en fabrique encore ? les plus courantes sont les 200 et 400).

Il comporte des pièces prédécoupées dans un carton fort et des pièces plastiques à détacher comme pour un modèle en plastique :



La partie arrière à monter dispose d'un guide d'exposition :



Une constatation s'impose : toutes les pièces sont découpées avec précision pour s'emboiter et sont collées par des autocollants à double face ou simple face pour l'extérieur. L'ensemble tient assez bien.

Et voici l'appareil monté (2), il s'agit de la version chat (forme "nekosango", même "modèle" que le "STD-35e" aux US (1)) :



 En tirant la languette, le trou de faible diamètre est découvert.Il suffit de quelques secondes pour une photo en journée pour s'imprimer sr la cellule. De nuit, environ 10, 20 minutes. Après une photo, faire 2 tours complets avec la molette de droite (pour les premières photos, ensuite 1 tour) avant d'en faire une autre.






Au final, le montage fut très amusant. Le résultat des photos ? Ci-dessous, en appendice...

 
PS :

- notice de montage en plusieurs langues (Ici);

- une vidéo d'un montage ().



(1) plus cher (25~35 dollars environ aux USA pour 850-1000 yens environ selon les magasins japonais) mais le site américain est plus attractif et dispose de manuels en plusieurs langues dont le français.

(2) cela m'aura pris 2 heures environ, je ne suis pas doué.

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 APPENDICE








Première constatation : pour une pellicule, le nombre de photos produites offre un rendement bien plus faible, le mode d'emploi demandant de faire plusieurs tours après une photo (sans doute pour éviter un "chevauchement").

Ensuite le film d'ISO 100 est bien incapable de produire une photo de nuit (toutes étaient quasiment noires, à l'exception de cette dernière) avec une exposition à 10 minutes (chronométrée). Il faudrait tester le sténopé avec des films de sensibilité plus importante et/ou une durée d'exposition supérieure. Mais je m'interroge sur le "bruit" que cela induirait sur la photo.

Sur l'appareil de P-sharan en question, la languette qui découvre le trou du sténopé a tendance à retomber d'elle-même, cela oblige à tenir l'appareil et nuit à sa stabilisation. Mais nous pourrions dire la même chose sur le simple déplacement de la languette pour ouvrir le trou du sténopé. Je pense qu'un obturateur automatique serait adéquat ("vrais appareils sténopés" ou appareils modifiés)..

En conclusion, il me semble que le sténopé est une technique de photographie intéressante et enrichissante mais différente de l'argentique usuel, avec ses considérations propres (une photographie se prépare, le sténopé nécessite une réflexion plus importante sur le type de film à utiliser et sur la durée d'exposition, sur sa stabilisation).

D'autre part, le "choix" du sténopé donnera sans doute des résultats très différent, de la boite de conserve modifiée au sténopé d'artisan en passant par un appareil argentique modifié (ex : agfa clack ou polaroid).


* seul un léger recadrage a été réalisé, mais d'autres interventions (légères, je ne suis pas fan des grosses modifications sur une photo)  auraient été possibles.

dimanche 4 septembre 2011

Lupin VS fukusei ningen

 

Lupin VS fukusei ningen (trad. Lupin C/ l'homme multiple) fut le premier film d'animation au cinéma de Lupin le troisième. Réalisé en 1978 au Japon par Soji Yoshikawa, ce film sortira en France en 1980 sous le titre d'Edgard de la Cambriole : Le secret de Mamo.
 
Sa diffusion sur la TV japonaise à l'occasion du 40e anniversaire de son apparition en animation sera l'occasion de découvrir un film d'animation assez dynamique pour l'époque et parfaitement illustré sonorement par Yuji Ôno . Cependant la forme des traits des visages, un peu "carrée" par moments, déçoit.
 
Lupin le troisième est une fiction qui emprunte autant à son "ancêtre", cambrioleur, qu'à James Bond et ce film ne déroge pas à la règle. Après avoir dérobé une pierre mystérieuse, Lupin et ses compagnons seront poursuivis autant par les polices du monde et l'inspecteur Zenigata que par un groupe mystérieux dirigé par Mamô, qui a tout du savant fou aux pulsions de domination ou destruction. Bien que le film soit sorti à l'origine un an avant Moonraker (1979), il existe certaines similitudes science-fictionnesques qui renforcent cette sensation de proximité.
 
Au final, le film est assez agréable à regarder et surprend par ses scènes sensuelles (avec le personnage de Fujiko, l'archétype de la femme fatale)  ou exposant plus visiblement la violance (exemple d'une scène où les méchants mitraillent un café où se trouvent Lupin et ses amis).

mercredi 31 août 2011

Instant Dégustation - la Yuzu Komachi



Autrefois découverte et achetée à Isse Workshop, la Yuzu komachi fut un coup de cœur de l'été 2011 : Sur une base de mugi-shochu (alcool de blé) rehaussée de yuzu (un agrume très présent au Japon), cette liqueur, extraordinaire en bouche, est rafraichissante et assez légère (7° d''alcool), parfaite pour une soirée estivale. 

A servir frais et conserver au réfrigérateur après ouverture.

dimanche 30 janvier 2011

Ce qui frappe dans les émission de divertissement nippones

A l'issue de la découverte des émissions de variété japonaises, continuons à présenter certaines caractéristiques de ces émissions, dont l'importance de la personnalité des amuseurs de la la TV et l'absence frappante de la TV réalité sur le PAJ.

# Les rôles consacrés des amuseurs publics de la télévision japonaise

Ce qui frappe dans les émissions de divertissement japonaises, c'est l'importance des duos (owarai konbi) (1) formés sur le modèle du manzai(漫才), un genre particulier de comique probablement originaire d'Osaka. Ceux-ci présentent de nombreux squetchs, dont certains sont réduits à leur plus simple expression. Ils sont composés d'un boke (idiot naïf) et d'un tsukkomi (intelligent et sérieux, "correcteur" des idioties du boke, ponctuant parfois ses phrases d'une petite claque sur le boke) .

La qualité et le succès du duo dépendra de la dynamique résultant de leurs personnalités individuelles et en tant que "couple" (2)

Si l'influence de ce modèle est importante, il existe également d'autres formats de comiques (solo, trio...) et les membres d'un duo peuvent travailler en solo.

# - Un besoin réduit en TV réalité issu du paysage audiovisuel japonais

Ce qui frappe est l'absence de TV réalité proposant à des inconnus de devenir célèbre en faisant partie de la petite lucarne....La raison est à chercher ailleurs que dans les vertus du petit écran nippon.

Les geinojin (personnages de télévision - autant talento qu'owarai) jouent tous un personnage télévisuel (le kyarakuta, kyara -de l'anglais character), lequel représente une forme de caricature assumée dans laquelle des spectateurs pourront se retrouver.

En outre, toute personne désireuse de passer à la TV peut avoir sa chance en tant que talento eu égard au nombre de chaines et de programmes de divertissements. Ces programmes fournissent ainsi un débouché aux ambitieux affamés de succès (qui se rabattent en occident sur la TV réalité).

Si celui-ci est au rendez- vous, le chanceux occupera le terrain par sa présence dans des émissions et publicités (on parlera alors de "dai bureki" - terme anglojaponais). Mais attention, le turn-over est important, les spectateurs pouvant se lasser de certains personnages, lesquels trouvent de moins en moins de contrats (en arriver à ne plus pouvoir se vendre : "urenakunaru".).

Les places ne sont pas extensibles et les talento ou owarai peuvent aller très loin pour la conserver et accepter des intrusions assez importantes dans leur vie privée. Ainsi les TV n'ont pas besoin de "télé réalité", elles en intègrent des éléments trash avec leurs talentos représentatifs.

Ainsi de London Hearts, l'une des émissions nippones les plus osées, laquelle peut, sans que "l'artiste" le sache (mais avec l'accord de son agence), aller fouiller sa chambre avec la caméra, provoquer un triangle amoureux avec un(e) acteur(rice) engagé pour l'occasion, etc...



A noter, l'émission Ame Talk, un talk show d'une heure dont le but est de faire parler les geinojin... sur eux même. Chaque émission est basée sur un thème (ceux qui ont travaillé dans une usine familiale avant de devenir célèbres, ceux qui sont des spécialistes en électroniques, des fans d'une série animée...) et doit faire rire par la conversation amusante des participants...(3)


thème : les talento en surcharge pondérale face aux maigres...


(1) les owarai konbi, vrais comiques, ne sont pas à confondre avec les talentos bien qu'ils soient souvent présents dans les mêmes émissions. La frontière est parfois mince car le talento apprend quelques tours et squetchs ...
(2) il est à noter que certains ex-groupes affirment que leur échec résultait de l'absence de répartition claire du rôle du boke et du tsukkomi (ame Talk - thème sur les anciens groupes).
(3) Parfois sans thème (après tout, cela n'est pas forcemment important), l'émission sera appellée tachi talk - "discussions debout"...